Quelque chose à vous dire

Benoit Lanciot, Directeur de la communication événementielle et des partenariats du groupe SNCF

« Il va falloir tendre vers moins… pour faire mieux ! »

De quelle façon votre entreprise traverse-t-elle cette crise ?

« En premier lieu, tous les collaborateurs (parmi les 150 000 du chemin de fer en France), dont la présence n’est pas indispensable sur les sites de production, sont en télétravail et devraient le rester jusqu’en juin. Ensuite, l’entreprise a instauré, quand cela s’avérait possible, la mise en place d’un jour par semaine de chômage partiel. Ces dispositions dépendent bien évidemment de chaque métier et sont adaptées en fonction des missions des salariés. Il faut noter que, même si le trafic ferroviaire est fortement réduit, de nombreux cheminot(e)s poursuivent leur mission de conduite ou d’entretien des trains circulant encore, notamment pour notre filiale Fret SNCF qui maintient une forte activité de transport de marchandises durant cette crise sanitaire. Enfin, nous avons participé à la solidarité nationale et à l’effort collectif via nos TGV médicalisés qui ont permis le transport de nombreux malades. »

Détaillez-nous cette initiative…

« Depuis un an, les équipes SNCF travaillent sur un dispositif destiné à transporter par voie ferrée, de façon sécurisée et confortable, des personnes malades ou grièvement blessées, par exemple à la suite d’un attentat. Ce dispositif n’avait encore jamais été testé en situation réelle mais, lorsque l’État nous a demandé, via la direction générale de la Santé, de le mettre en place au profit du transport de patients en réanimation dans le Grand Est vers le reste du pays, nous étions prêts et avons fait partir notre premier TGV médicalisé le 26 mars. De nombreux cheminot(e)s se sont porté(e)s volontaires pour participer à ces acheminements, désormais bien rodés, qui ont permis de déplacer plus de 200 malades au pic de la crise sanitaire. Nous nous tenons prêts, en cas de nouveau besoin et, s’il le faut, nous pouvons mettre en place ces transferts, de surcroit écologiques, au niveau Européen. »

Avez-vous participé à d’autres actions citoyennes ?

« Nous avons décidé d’offrir la gratuité de nos transports aux soignants, policiers, pompiers devant se déplacer pour aller travailler. Et, nous réfléchissons à d’autres actions de solidarité post-crise. Il y a beaucoup d’initiatives de la part des agences événementielles et nous essayons, dans la mesure de nos possibilités, d’y participer. Dans cet objectif, deux personnes ont été nommées par l’entreprise, une pour préparer le rebond de l’activité et l’autre sur le sujet de cette solidarité nationale. »

Qu’en-est-il des événements que vous aviez programmés ?

« Pour nos événements externes, regroupant essentiellement nos partenariats et nos participations à des tournages cinéma (à titre d’info, 1 tournage sur 3 en France comporte une ou plusieurs scènes filmées dans nos emprises ferroviaires !), quelques-uns ont été annulés mais la plupart ont été reportés. Nous travaillons avec les organisateurs pour trouver les meilleures solutions et affinons notre périmètre d’engagement en fonction, à l’instar des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence qui vont se tenir, du 3 au 5 juillet… depuis la Maison de la Radio à Paris ! C’est un bon exemple d’événement de renom qui s’adapte à la situation. Et, pour nos propres manifestations comme la Remise des 20e Prix SNCF du Polar, nous la décalons de fin mai à l’automne. Plus globalement, nous anticipons et étudions actuellement les rendez-vous du 2ème semestre et du début de l’année 2021. »

Et quid de vos événements internes ?

« Le mot d’ordre est de reporter à l’automne tout ce qui peut l’être, ce qui représente environ 80% de nos événements internes puisque seuls quelques séminaires de petite taille ont été annulés. Le gros rassemblement de managers, devant avoir lieu en juin, a lui aussi été décalé à la rentrée. »

Comment avez-vous géré la situation avec vos fournisseurs événementiels ?

« Nous avons voulu être le plus transparent et respectueux possible avec eux. C’est donc de concert que les rendez-vous ont été reportés et il y a eu beaucoup de souplesse et de solidarité de part et d’autre. Par ailleurs, pour les événements en cours d’appel d’offres, nous ne voulions pas, durant cette période, faire travailler les agences pour rien et tout a été gelé. Cela dit, et après avoir échangé avec des professionnels du secteur, nous avons décidé de maintenir le renouvellement du référencement de nos agences événementielles puisque le contrat 2013-2020 arrive à échéance. Le lancement de cet appel d’offres est imminent et c’est pour nous un signe fort ! La preuve que nous aurons, encore et toujours, besoin des agences pour nous accompagner dans notre stratégie événementielle, créer et produire nos rendez-vous. »

Justement, comment voyez-vous vos futurs événements ?

« Mon intuition – et ce n’est pas nouveau – c’est qu’il faut tendre vers moins pour faire mieux ! Ce qu’il se passe aujourd’hui, durant cette période de restriction de rencontre physique, ouvre aussi de nouvelles perspectives qui devront, à l’avenir, être intégrées à notre stratégie événementielle. Il ne s’agit pas de remplacer le présentiel par le virtuel mais sans doute de mieux utiliser les 2 ou de faire un mix. Il faut accepter que l’événement physique ne soit pas toujours la bonne réponse à la problématique. Ainsi, dans notre entreprise, il se peut que certaines manifestations internes basculent en mode virtuel, pour un gain d’efficacité, de temps passé, pour l’enjeu écologique mais aussi pour des raisons de coût. Et cela redonnerait d’ailleurs sans doute de la valeur à l’événement physique qui s’inscrit parfois dans la routine et pourrait être mieux pensé, plus inventif, créatif et attractif ! Entre deux événements à 100 000 euros espacés de deux mois, je préfère un seul à 200 000 euros qui soit plus impactant, quitte à ce que des temps digitaux s’y inscrivent de façon à servir le temps de la rencontre. Nous avons tous besoin d’une vraie réflexion à ce sujet et ceux qui auront la capacité de remettre en cause un modèle de fonctionnement devenu désuet seront ceux qui s’en sortiront. Soyons certains que les mois qui sont devant nous ne seront pas les plus faciles mais seront sûrement les plus intéressants à construire… car il nous faut désormais tous capitaliser sur la toute récente reconnaissance de la communication événementielle, en étant acteurs de la reprise de la vie d’après ! »

Heavent Meetings, reporté à début septembre, devrait être le tout premier grand rassemblement de la filière. Y participerez-vous ?

« En tant que fer de lance de notre secteur, Heavent Meetings a une vraie opportunité de montrer la voie, de donner l’exemple de ce que sera l’événement de demain et donc de se positionner comme précurseur en la matière. Pour ce premier grand rassemblement de la filière, j’imagine que les organisateurs auront envie d’être innovants en termes de contenu, d’aménagement du concept et d’écologie de transport. A ce titre, avec mon équipe, nous sommes prêts à leur apporter toute l’expertise et le savoir-faire du groupe SNCF pour faire de cet événement de reprise, le premier rendez-vous de l’événement de demain ! »

Que retirez-vous, à titre pro et perso, de cette période ?

« A titre professionnel, mon équipe me manque ainsi que toute l’ambiance de travail, le pression positive inhérente à notre métier… Nous sommes en contact continu et je suis très attentif au bien-être de mes collaborateurs, certains pouvant se retrouver isolés durant ce confinement. Sur un plan plus personnel, je n’ai jamais passé autant de moments en famille et cette période est extraordinaire, au sens propre du terme, pour se poser, prendre du temps pour soi et réfléchir sur ce que l’on a envie de faire après ».

 

 

 

 

 

 

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