C’est un livre qui fait beaucoup parler ! Ecrit par l’économiste Nicolas Bouzou et la philosophe Julia de Funès, La Comédie (in)humaine prend le contrepied de quasiment tout ce qui est actuellement prôné en entreprise… que les auteurs qualifient « d’idéologie bonheuriste » visant à faire du bonheur la condition du travail alors qu’il devrait en être la conséquence. Et, d’expliquer qu’entre réunions interminables, dictatures des process, collectif à tout va, séminaires ludiques, cours de yoga et embauche de chief happiness officers… l’entreprise serait devenue le lieu de l’absurde en valorisant un management relevant de la tyrannie inefficace, infantilisant les salariés. Tout cela aurait pour effet de camoufler le manque de sens du travail et aboutirait à faire fuir les meilleurs. D’après les auteurs, les dirigeants auraient juste perdu de vue qu’une entreprise est avant tout une organisation qui sert à produire, pas à apporter du bonheur. Pire, en passant beaucoup de temps à tenter de motiver les salariés avec des discours qui ne leur parlent pas – centrés sur des concepts abstraits comme le bonheur au travail – et en leur proposant des activités de détente chargées d’instaurer ce dit bonheur… ils en oublieraient carrément le projet d’entreprise, le travail et son véritable sens. Paradoxe de ce constat, les entreprises feraient tout pour améliorer le sort de leurs collaborateurs qui, contre toute attente, se sentiraient de plus en plus mal ! La solution serait donc de remettre les idées managériales à l’endroit en valorisant cinq qualités : la capacité à innover, l’audace, l’efficacité, le courage et la réflexion. En résumé : former des salariés créatifs, ouverts, rigoureux, capables de prendre des initiatives, d’envisager des problèmes de façon globale et de magnifier l’expérience client.Ce qui, d’après Nicolas Bouzou et Julia de Funès, passerait plus par la libre expression des collaborateurs, la réduction des sempiternelles réunions, la délivrance de formations en humanités plutôt que des team building ou l’installation d’un baby-foot. Et, surtout par le fait que le bonheur serait finalement… une affaire privée !
La grande entreprise du bonheur
Muriel Chapuis